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Photo du rédacteurDream Sequence

L'envol de la lutherie électronique



Les années vingt saluent l'apparition de nombreux instruments électroniques qui ont fait date.

Premier d'entre eux, le Theremin Vox (ou Aetherophone, l'< Antenne chantante ~) est inventé en URSS par Léon Theremin (Lev Sergeïevitch Termen). Il est présenté en 1921 à Lénine qui en approuve et en favorise la diffusion, alors que le pays est en train de se doter d'une distribution importante d'électricité. L'interprète fait bouger ses mains dans l'espace par rapport à deux antennes, l'une verticale (déterminant la hauteur) et l'autre horizontale (déterminant le volume). Les hautes fréquences qu'elles produisent sont ainsi rendues audibles (principe de l'hétérodyne). Le Theremin est monophonique. Son concepteur, en tant que vitrine de 1'URSS, voyagera en Europe et aux États-Unis et fera connaître son invention qui intéressera de nombreux compositeurs (parmi lesquels Edgar Varèse, qui l'a rencontré et qui utilise son instrument en 1934 dans Ecuatorial). Elle sera améliorée et diffusée par Moog dans les années soixante. Theremin concevra d'autres instruments, variations de sa première invention : le Terpistone en 1930 (inspiré par sa femme, danseuse, et qui base sa production sonore sur les effets des mouvements d'un danseur sur une plaque de métal, jouant le rôle d'une antenne, dissimulée sous la piste de danse); Íe Rhythmicon ou Polyrhythmophone (inspiré par le compositeur Henri Cowell, un générateur de rythmes électroniques); le Theremin à clavier; et le Violoncelle Theremin. Des virtuoses apparaissent, à l'image de Clara Rockmore, violoniste convertie par les sonorités du Theremin Vox. Malheureusement, cette dernière ne l'utilise pas au service d'une nouvelle musique mais interprète un répertoire classique à l'instrument. La difficulté et la maîtrise sont certes époustouflantes, mais La Valse mélancolique de Tchaikovski jouée au Theremin (par exemple) ne fait qu'esquisser grossièrement les possibilités d'une véritable musique électronique qu'il reste encore à créer1. Pour la petite histoire, Theremin lui-même avait joué l'Alouette de Glinka devant Lénine en 1921.


1. On peut néanmoins l'entendre sur l'excellente compilation Ohm+: The Early Gurus Of Electronic Music: I948-I 980 (Ellipsis Arts, 2005).


Jörg Mager, en 1926, présente son Kurbelsphäraphon lors du festival de Donaueschingen, en Allemagne (on le retient aujourd'hui plus volontiers sous le nom de Sphäraphon). L'instrument utilise la même technologie que le Theremin Vox, mais il est commandé par une manivelle (qui actionne un son continu se mouvant en glissando) et un pédalier (agissant sur le volume). Il est destiné naviguer sur un < océan de sons > et utilise pour cela la micro-tonalité (la nécessité d'une nouvelle musique est suscitée ici par l'instrument, qui ne sera pas commercialisé). Très actif, Mager va perfectionner l'instrument en ajoutant jusqu'à cinq claviers (Klaviatursphära phon, puis Partiturophon). Il crée en 1929 à Darmstadt la première association de recherche sur la musique électronique (Studiengesellschaft für elektroakustische Musik).


Maurice Martenot présente en 1928 les Ondes musicales, qui porteront bientôt son nom (les Ondes Martenot). Ingénieur dans les radio-télécommunications, il a rencontré Léon Theremin en 1923 et s'est entretenu avec lui des possibilités de développement de son propre instrument, basé aussi sur le principe des amplificateurs à lampes. Il va doter le sien d'un clavier. Comme le Theremin Vox, il est monophonique. Sa sonorité cristalline ainsi que les multiples possibilités de modulation du son et de changement du timbre qu'il offre (obtenues par différents moyens de diffusion du son) vont beaucoup séduire. Hindemith, Varèse, Cage, Honegger, Milhaud, Jolivet, Messiaen1 et Murail, par exemple, écriront pour lui. Des chanteurs comme Jacques Brel ou Léo Ferré y ont fait appel. Aujourd'hui encore, des musiciens populaires l'utilisent (Radiohead, Gorillaz etc.). Dans ce cas, on crée enfin, de nouvelles musiques, adaptées aux nouveaux timbres proposés par l'instrument, et non de pâles imitations de musique instrumentale acoustique adaptée au nouvel instrument.


1.La compilation Ohm+ permet d'écouter sa très belle pièce Oraisons pour six Ondes Martenot.


La suite tout prochainement

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